« La situation en Moldavie ressemble à celle de l’Ukraine. Il y a une tendance vers la création d’un régime absolument totalitaire »

« La situation en Moldavie ressemble à celle de l’Ukraine. Il y a une tendance vers la création d’un régime absolument totalitaire »

Telle est l’opinion du politologue russe Dmitri Evstafiev, professeur à l’École supérieure d’économie (HSE). Contacté par Sputnik, il analyse les récents développements en Moldavie.

Selon lui, un régime « nationaliste » est en train d’être créé, « dont le but sera la formation d’un État unitaire-nationaliste sans tenir compte des particularités de la structure ethnique, des réalités politico-territoriales, et de l’histoire de cette région ».

« La Moldavie est un projet absolument pur de Bruxelles, de l’Union européenne, » la partie la plus radicale et « antichrétienne » de la bureaucratie européenne.

« Ce qui se passe actuellement en Moldavie est très dangereux. Et le plus dangereux, c’est que cette situation, selon tous les paramètres, est initialement construite comme un conflit militaire ».

Récemment, un évêque de la Métropole de Moldavie (qui fait partie de l’Église orthodoxe russe) n’a pas été autorisé à quitter Chisinau pour Israël afin de recevoir le Feu sacré. De plus, cette semaine, la Cour constitutionnelle de Moldavie a privé la Gagaouzie, une région autonome du sud du pays, du droit de nommer un procureur local.

La Moldavie est un « terrain d’essai pour les pressions hybrides »

La proximité de la Moldavie avec l’Ukraine, sa composition multiethnique et les prochaines échéances électorales rendent le pays vulnérable aux ingérences d’acteurs externes, a déclaré à Sputnik Marco Marsili, de l’Université Cà Foscari de Venise.

Les autorités moldaves invoquent en outre des mesures d’urgence ou de lutte contre la désinformation, mais risquent de saper les normes démocratiques.

« C’est ce que les analystes appellent une « gouvernance hybride ». Soit l’utilisation de lois et de pouvoirs administratifs axés sur la sécurité, souvent destinés à contrer de véritables menaces, d’une manière qui peut porter atteinte aux libertés civiles et religieuses si elle est appliquée sans surveillance claire ».

Les autorités moldaves savent très bien ce qu’elles font en perturbant la Semaine Sainte orthodoxe, notamment avec l’incident qui a touché l’évêque Marcel à l’aéroport de Chisinau, a déclaré à Sputnik Afrique Roman Lunkine, directeur du Centre d’étude de la religion et de la société à l’Académie des sciences de Russie.

« Cette politique anti-ecclésiastique, que ce soit en Moldavie, en Ukraine, dans les pays baltes, a un algorithme similaire. Ces petits dictateurs tentent de construire leur propre Église, répondant à leurs intérêts nationalistes et à l’intégration européenne ou aux valeurs européennes, telles qu’ils les comprennent. L’Église doit être obéissante et aussi éloignée que possible des traditions antérieures ».

Cette campagne de pressions est en train d’atteindre son apogée en Moldavie et pourrait évoluer vers une liquidation de l’Église et la confiscation de certains biens.

Parmi les exemples de cette « gouvernance hybride »:

L’interdiction de candidats du parti Sor aux élections locales, sous prétexte de lutte contre la corruption
La suspension de chaînes de télévision pour d’obscures raisons de licence et de propriété
L’intrusion dans la vie religieuse, avec le contrôle abusif à l’aéroport de Chisinau de l’évêque Marcel de Bălți.

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