Budget : Selon Bercy, le déficit pourrait bien atteindre 6,2% du PIB en 2024, la commission parlementaire des Finances veut enqueter

L’objectif du gouvernement français de ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2027 est de moins en moins crédible. En 2024, le déficit ne sera pas absorbé mais devrait plutôt se creuser, selon le projet de budget pour 2025. Le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, a avancé dimanche 27 octobre un taux d’un “peu plus de 6%”, “entre 6,1 et 6,2% selon toute vraisemblance”.
L’exécutif, qui est déjà ciblé par des procédures européennes pour déficits publics excessifs, espère le ramener à 5% en 2025 avec un effort de 60 milliards d’euros. 

Entre 170 et 173 milliards d’euros de déficit    

En 2023, le déficit de la France s’est élevé à 154 milliards d’euros, soit 5,5% du PIB selon le rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), publié fin mars dernier. Jusqu’au mois de juillet dernier, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire disait maintenir l’objectif du gouvernement de ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2027. 

Il avait réitéré ses assurances lorsque l’Union européenne (UE) a lancé des procédures pour déficits publics excessifs contre sept pays membres, dont la France. “Cela ne veut pas dire que la situation économique française est mauvaise, au contraire », affirmait-on à Bercy, ajoutant que “la commission allait valider l’objectif [de ramener le déficit à 3%] et confirmer une vision positive de l’économie française ».
Peu avant son départ, il rappelait que la France devait encore économiser 25 milliards pour l’année en cours et qu’une quinzaine de milliards d’économies avait déjà été “exécutée”.  

Dès sa nomination à Matignon en septembre, Michel Barnier a placé la réduction de ce déficit parmi ses priorités, reportant à 2029 un retour sous les 3% du PIB. Le gouverneur de la Banque de France était du même avis, qualifiant l’objectif initial d’ »irréaliste ». François Villeroy de Galhau a ainsi appelé à fixer un cap de cinq ans.
Le report est d’autant plus inévitable que le déficit de 2024, prévu à 5,1% par l’ancien gouvernement, a dérapé pour se creuser d’au moins un point. Si le projet de budget prévoit un passif de 6,1% dans les comptes publics, Bercy se montre un peu plus pessimiste.  

Interrogé sur LCI, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a situé le déficit pour l’année en cours “entre 6,1 et 6,2 % selon toute vraisemblance”, soit entre 170 et 173 milliards d’euros. “On verra dans les tout prochains jours”, a-t-il expliqué.  

Un premier 49.3 sous Barnier pour faire adopter le budget ? 

Pour atteindre son objectif de ramener le déficit à 5% du PIB dès l’année prochaine, le gouvernement Barnier prévoit un effort de 60 milliards d’euros. 40 milliards devront provenir des réductions des dépenses tandis que 20 milliards seront récupérés à travers des hausses d’impôts. 

La gestion de l’ancien ministre Bruno Le Maire est pointée du doigt pour le dérapage du déficit en 2024 et la commission des Finances de l’Assemblée nationale, que préside Eric Coquerel de LFI, a fait la demande d’obtention des pouvoirs d’une commission d’enquête pour une durée de six mois “pour investiguer les causes de la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires”. Michel Barnier aurait déjà approuvé cette initiative, qui devrait “déterminer les chiffres, les faits, la vérité et la dire aux Français”.  

L’exécutif tout comme les présidents de groupe et de commission devront ainsi valider cette demande. Au Sénat, la Commission des finances a relancé une mission d’information sur la dégradation des comptes publics.  

Le projet de budget a été examiné la semaine passée au Parlement, suscitant des débats houleux parmi les députés. Les 20 milliards de nouvelles recettes devant être récupérées via des impôts ont particulièrement marqué les discussions, qui ont évoqué la taxation exceptionnelle des plus riches. Faute de majorité à l’Assemblée nationale, le gouvernement pourrait déjà recourir au 49.3 pour faire adopter son budget. Les débats sont interrompus et devront reprendre le 05 novembre prochain avec le volet consacré au budget de la Sécurité sociale.

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