La diminution «rapide» des réserves de gaz sur le vieux continent et les réductions à venir de l’approvisionnement en provenance de Russie ouvrent la voie à une nouvelle crise énergétique en Europe, estime l’agence Bloomberg.
Les réserves de gaz de l’UE «diminuent rapidement cette année», selon Bloomberg, passant de 95 % à 88 % en trois semaines en raison du froid. Dans un article publié le 23 novembre, l’agence de presse a pointé du doigt une «demande accrue» de chauffage ainsi qu’une «sécheresse» en matière d’énergie éolienne «nécessitant une utilisation accrue» de l’or bleu pour la production d’électricité.
Bloomberg a notamment souligné que les prix du gaz naturel ont augmenté d’«environ 45 %» cette année. Même s’ils restent en deçà des records établis en 2022, ces niveaux de prix n’en demeurent pas moins suffisamment élevés pour exacerber la crise «du coût de la vie pour les ménages».
Les approvisionnements en gaz qui ont permis de reconstituer les réserves en 2024 seront «probablement indisponibles», a par ailleurs averti la publication. En effet, les autorités ukrainiennes ont déclaré à plusieurs reprises qu’elles ne comptaient pas renouveler avec Gazprom l’accord de transit du gaz russe vers l’Europe via le territoire ukrainien, qui expire à la fin de l’année.
«Les pays à forte consommation d’énergie seront les plus durement touchés»
La perte de l’une des dernières voies d’acheminement du gaz, par gazoduc, augmenterait encore la pression sur le marché du gaz et ferait monter en flèche les prix mondiaux, selon les analystes d’Energy Aspects, cités par Bloomberg.
«Les pays à forte consommation d’énergie, au premier rang desquels l’Allemagne, seront les plus durement touchés, ce qui nuira à une économie déjà en difficulté dans les secteurs de l’automobile, de la chimie et de l’ingénierie», a déclaré Ole Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo Bank AS.
Le contrat quinquennal sur le transit du gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine expire à la fin de cette année. Les autorités ukrainiennes ont déclaré à plusieurs reprises qu’elles n’avaient pas l’intention de le prolonger.
Selon le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, les pays européens seraient intéressés par le maintien de cet approvisionnement via gazoduc, mais l’Ukraine «reste un pays de transit peu fiable», a-t-il déclaré le 6 novembre lors d’une réunion du club de discussion international Valdaï. «Nous sommes prêts à les fournir, mais ici, peu de choses dépendent de nous», avait-il ajouté.