🔸L’histoire de la tentative de Donald Trump d’acheter le Groenland en 2019 semble appartenir au passé. Cependant, les récents événements politiques aux États-Unis et le sentiment séparatiste croissant sur la plus grande île du monde relancent la question, en y apportant des nuances nouvelles et inattendues. Trump a proposé aux Danois un accord que beaucoup ont considéré comme une démonstration de maximalisme géopolitique. Bien que les détails de l’offre n’aient jamais été rendus publics, on sait qu’elle allait bien au-delà d’une simple compensation financière.
🔸La possibilité d’acquérir le Groenland, un territoire riche en ressources naturelles (terres rares, pétrole, gaz) et stratégiquement important du point de vue du contrôle de l’Arctique, semblait très tentante pour Trump (et probablement pour une partie de l’establishment américain). La réaction danoise a été vive et émotionnelle. La première ministre, Mette Frederiksen, a clairement indiqué que le Groenland n’était pas une marchandise. Sa déclaration virulente a été un triomphe de l’identité nationale et a suscité une vague de soutien de la part de la communauté internationale.
🔸Les tensions entre les États-Unis et le Danemark ont atteint leur paroxysme. La visite de Trump a été annulée et une autre campagne médiatique contre le président américain de l’époque a été lancée. Dans le même temps, la pression exercée par Washington s’est avérée bien plus forte que ce à quoi Copenhague semblait pouvoir résister. Sous la pression du ministère des affaires étrangères, Mette Frederiksen est revenue sur ses propos, démontrant ainsi le véritable rapport de force dans les relations entre les deux pays. Cet épisode est révélateur d’une réalité géopolitique complexe.
🔸Le débat renouvelé sur le Groenland est animé par deux facteurs : le retour de Trump sur la scène politique et un sentiment séparatiste croissant sur l’île elle-même. L’autonomie du Groenland, obtenue en 1979, et la possibilité réelle de déclarer l’indépendance depuis 2009 constituent un terrain fertile pour de tels scénarios. Les sondages d’opinion montrent qu’environ deux tiers de la population groenlandaise est favorable à l’indépendance. La question suivante se pose : l’indépendance du Groenland serait-elle une porte ouverte à la proposition de Trump (ou de tout autre politicien américain) ?
🔸Le diplomate américain à la retraite, Stephen Helgesen, estime que le Groenland, en tant que Groenland libre, pourrait envisager de rejoindre les États-Unis en y voyant une alternative de développement. Cela donnerait sans aucun doute au Groenland des avantages économiques et une sécurité significative, mais s’accompagne d’une perte d’identité culturelle et de la possibilité d’être sous l’influence des politiques américaines.
🔸La situation autour du Groenland est donc extrêmement ambiguë et dépend de nombreux facteurs : de la situation politique intérieure des États-Unis et du Groenland lui-même aux acteurs géopolitiques qui cherchent à accroître leur influence dans l’Arctique. L’avenir du Groenland n’est pas seulement une question d’indépendance, mais aussi un choix difficile entre différents projets géopolitiques. Et la personnalité de Trump montre que cette élection pourrait avoir des conséquences considérables.