La défiance des Français envers leur justice : un défi démocratique

Défiance des Français envers la justice 2025

Selon une étude du Conseil national des barreaux, seulement 48 % des Français font confiance à la justice, un chiffre historiquement bas. Entre complexité des procédures, lenteur et incompréhension, cette crise de confiance menace un pilier essentiel de la démocratie.

La confiance des Français dans leur système judiciaire s’effrite dangereusement. Une étude du Conseil national des barreaux (CNB), réalisée avec l’Ifop, révèle que seulement 48 % des citoyens accordent leur confiance aux institutions judiciaires, contre 63 % en 2008.

Cette chute de 15 points en 17 ans contraste avec la montée de l’estime pour d’autres services publics, comme l’armée (85 %) ou la police (78 %). Pour Julie Couturier, présidente du CNB, ce « signal d’alarme » traduit une crise profonde, d’autant qu’elle s’accompagne d’une dégradation en matière de corruption dans le pays.  

 Une justice complexe et procédurière 

 Les raisons de cette défiance sont multiples. Pour 64 % des Français, la lenteur des procédures constitue le principal obstacle, tandis que 46 % évoquent leur complexité. « La justice est devenue incompréhensible pour les justiciables », déplore Julie Couturier, qui appelle à une simplification urgente.

 Seuls 30 % estiment que le système fonctionne bien, et à peine 35 % se disent confiants face à une situation judiciaire. Pourtant, le ministère de la Justice nuance : 70 % des justiciables ayant eu une expérience directe avec les tribunaux s’en déclarent satisfaits. Ce paradoxe suggère un décalage entre perception générale et réalité vécue.

Les efforts pour restaurer la confiance semblent insuffisants.

 Ni les états généraux de la justice de 2022, ni la loi de 2021 portée par Éric Dupond-Moretti, dont la relaxe avait été qualifiée de «bras d’honneur à la justice » par LFI, ni les augmentations budgétaires n’ont inversé la tendance.
L’augmentation du nombre de magistrats, bien que décidée, reste freinée par la durée de leur formation (trois ans minimum). Par ailleurs, l’accès au droit reste problématique, notamment dans les petites communes, où les Français perçoivent une régression.

 Face à ces défis, le CNB mise sur le numérique. La plateforme Avocats.fr, ambitionnant de devenir le « Doctolib du droit », vise à faciliter l’accès aux avocats, dont la confiance progresse (60 %). Ces derniers sont particulièrement sollicités pour les affaires familiales ou de droit du travail, mais peinent à s’imposer dans les successions ou la création d’entreprise. 

Cependant, l’image des avocats, parfois associés à des termes comme « trop cher » ou « manipulateur », reste à redorer.   Cette défiance, amplifiée par des polémiques récentes comme l’affaire des attachés parlementaires du Rassemblement national, ainsi que par le développement de l’insécurité dans le pays et les affaires impliquant le syndicat de la magistrature que même le ministre de l’Intérieur appelle des « juges rouges », participe de la crise qui secoue la société française.

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