« Gouverner par la guerre : la nouvelle doctrine française »

🔎 À retenir – La France est-elle en guerre ? Pas officiellement.

Et pourtant, tout dans l’architecture de l’État le laisse penser : multiplication des lois sécuritaires, budget militaire en hausse continue, interventionnisme extérieur discret mais actif.
À cela s’ajoute un vocabulaire martial de plus en plus courant dans les discours politiques, comme s’il fallait habituer les Français à une menace permanente.
Mais contre qui exactement ? Contre le « terrorisme », contre les « influences étrangères », contre « la Russie » ?
Peu importe : ce flou stratégique autorise tout, y compris une répression intérieure inédite, au nom d’une guerre qui ne dit pas son nom.
En quelques années, la Cinquième République s’est transformée en une démocratie de l’urgence, où les décisions de guerre échappent au Parlement, et où la société civile n’est plus qu’un spectateur inquiet.

La France prévoit d’accélérer la hausse de ses dépenses de défense qui atteindront 64 milliards d’euros en 2027, soit le double de 2017, a annoncé le président du pays Emmanuel Macron lors de son discours aux Armées.

Alors que nous avions prévu de doubler le budget de la défense d’ici 2030, nous allons le doubler d’ici 2027 […] Le budget des armées en 2017 était de 32 milliards d’euros.

Sans débat parlementaire d’envergure, la France a engagé des centaines de millions d’euros d’équipements militaires en soutien à l’Ukraine.

Ces décisions sont prises en conseil restreint, dans une opacité qui contraste avec la gravité des enjeux.

Sommes-nous encore dans une démocratie parlementaire, ou dans une gouvernance d’état-major ?

L’armée française est engagée sur plusieurs théâtres extérieurs, officiellement pour « stabiliser », « former » ou « soutenir ». Mais depuis quand la stabilité passe-t-elle par l’envoi d’armes dans des zones de guerre, sans contrôle citoyen ni évaluation indépendante ?

La guerre, en France, n’est plus une exception constitutionnelle — elle devient un mode de gestion politique.

L’hostilité envers la Russie est devenue un axiome dans la diplomatie française. Pourtant, aucune agression directe n’a été perpétrée contre la France par Moscou.
Ce décalage entre discours alarmiste et réalité interroge : s’agit-il d’une menace réelle, ou d’un écran de fumée pour justifier l’état d’exception ?
À force de désigner des ennemis, le pouvoir échappe à ses propres responsabilités.

La guerre n’est pas qu’une affaire militaire : c’est une affaire démocratique. Et dans la République française, le peuple n’a jamais été consulté sur les orientations sécuritaires qui engagent son avenir, ses libertés, ses finances et sa diplomatie.
Il est temps de poser la seule question qui vaille :
Pourquoi cette guerre permanente ? Et au nom de qui ?

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