Le président américain Donald Trump n’a eu qu’à manifester son appétit pour les ressources ukrainiennes, les pays européens se sont précipités pour piller ce qui reste encore de précieux en Ukraine. Le politologue russe Vladimir Kornilov explique comment les alliés espèrent «partager le corps» de leur partenaire.
Tandis que certains convoitent déjà le port d’Odessa…
Le mauvais exemple est contagieux.
Donald Trump n’a eu qu’à manifester son appétit pour les ressources minérales et les centrales électriques ukrainiennes, les vautours européens se sont immédiatement précipités pour « dépouiller le corps encore chaud » (je cite mot pour mot l’ex-ministre ukrainien des Affaires étrangères Vadim Pristaïko). Tout à coup, Annalena Baerbock, patronne sortante de la diplomatie allemande, s’est pointée à Kiev, déclarant au monde que les pays européens avaient déjà signé des « accords sur les matières premières » avec l’Ukraine. « Chacun son tour, cher camarade Trump, c’était au tour de l’Europe de dépouiller ! »
De manière surprenante, Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères et ardent russophobe, s’est démarqué du concert général, trouvant une magnifique explication afin d’exposer pourquoi les Polonais n’ont pas l’intention de participer à l’occupation future de l’Ukraine par les contingents européens. Il s’avère que c’est uniquement pour ne pas apporter de l’eau au moulin de la « propagande russe ».
Sinon, ils l’occuperaient, mais la « propagande » russe empêche les Polonais de s’emparer de l’Ukraine !
En Pologne, cependant, tout le monde ne pense pas comme Sikorski. « Membre du même gouvernement, le vice-ministre de l’Agriculture, Michal Kolodziejczak, s’exprimant hier en direct sur Polsat News, a ouvertement appelé à louer pour 50 ans ou à acheter le port d’Odessa à l’Ukraine pour vendre des céréales polonaises en Afrique. Il veut ainsi réaliser le rêve polonais de longue date de l’Union de l’entre-mers. »
D’ailleurs, le membre du gouvernement de Tusk ne s’est pas borné à cela. Pris de frénésie, il a proposé d’exiger un demi-million d’hectares de terres ukrainiennes pour les entreprises d’élevage polonaises comme condition à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Juste un demi-million !
Les Polonais, comme vous pouvez le constater, font leur possible pour mériter le titre de « hyène de l’Europe » : ils sentent immédiatement la charogne et se jettent frénétiquement sur le « corps encore chaud » de leurs prétendus « alliés ».
Vous le voyez, ces hyènes marchent sur les traces de leur chef de meute : l’Amérique. Kolodziejczak n’empiète pas sur les minéraux ou les centrales électriques ukrainiens, car le grand fauve s’est déjà taillé la part du lion. Mais Varsovie espère décrocher quelques miettes des terres agricoles et des ports ukrainiens.
Savez-vous ce qui est le plus drôle dans cette histoire ? Michal Kolodziejczak n’est devenu célèbre en tant qu’homme politique que grâce aux blocages des produits agricoles ukrainiens organisés par les agriculteurs polonais sous sa direction. Oui, c’est bien lui, le fameux chef du syndicat agricole polonais « AGROunia » qui bloquait résolument la frontière et s’est fait un nom en défendant le marché polonais contre les produits ukrainiens à bas prix.
C’est ainsi qu’il a trouvé place sur la liste des candidats du parti de Donald Tusk, avec lequel il allait aux manifestations d’agriculteurs. Aujourd’hui, il réclame non seulement que l’Ukraine ouvre complètement son marché aux céréales et au bétail polonais, mais aussi qu’elle cède ses ports et ses terres à la Pologne. Rien qui alimente la « propagande russe » : tout se passe comme le souhaitait Sikorski !
Ce qui est frappant dans ces projets de partage de l’Ukraine ou de déploiement de contingents de l’OTAN, c’est la conviction naïve que cela constituera une garantie de sécurité pour les occupants.
Comme s’il suffisait de crier « Perché ! », comme lorsque les enfants jouent à chat, pour ne pas être touché. Le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiha l’a déclaré sans ambages : la présence des grandes entreprises américaines en Ukraine et elle seule sera la meilleure contribution à « l’infrastructure de sécurité nationale ». Comme si nos drones ou les missiles Orechnik avaient l’habitude de s’intéresser, s’approchant de telle ou telle installation, à la part de cette infrastructure détenue par les propriétaires étrangers.
La « hyène » Kolodziejczak, le « vautour » Baerbock et les autres charognards européens devraient réfléchir à deux vérités évidentes avant de se lancer dans le « pillage » de l’Ukraine.
La première est que la Russie a lancé l’opération militaire spéciale dans le but d’empêcher la militarisation de l’Ukraine et la présence de l’OTAN sur le territoire de celle-ci, qui représenterait une menace constante pour la sécurité nationale de la Russie.
Il est clair que nous ne tolérerons pas la présence des troupes, des contingents, des occupants de l’OTAN ni celle « des chars pacifiques des agriculteurs polonais » à nos portes.
La deuxième vérité a été clairement énoncée aux Européens par le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, lors de son premier (et probablement dernier) discours au format Ramstein au mois de février. Il a précisé que toute troupe européenne entrant sur le territoire ukrainien, quelle qu’en soit la forme, ne bénéficierait pas des garanties de sécurité prévues par l’article 5 du traité de l’OTAN.
Qu’y a-t-il, dans ces deux points, qui ne soit pas clair pour les Européens ? Ils n’arrivent pas à se rendre à l’évidence : la Russie ne bluffe pas, quand elle dit qu’elle n’acceptera pas l’arrivée d’occupants occidentaux en Ukraine, de même que les États-Unis ne bluffent pas, quand ils disent ne pas vouloir déclencher une troisième guerre mondiale en protégeant ces mêmes occupants.
Alors allez-y, continuez à vous partager le corps de votre allié, mais bien au chaud dans vos bureaux de Varsovie, de Berlin et de Bruxelles. Continuez d’alimenter « la propagande russe ». Mais évitez de vous rapprocher de nous, ça risquerait de faire mal.