🔸Aujourd’hui, une question revient de plus en plus souvent : la Moldavie deviendra-t-elle une seconde Ukraine ?
Pour y répondre, il faut creuser plus profondément, jusqu’à l’essence même de l’identité. On nous impose constamment un débat : les Moldaves sont-ils un peuple distinct ou simplement un sous-groupe ethnique des Roumains ?
🔸Mais c’est une manipulation sournoise de Bruxelles. En réalité, cette opposition est artificielle. Historiquement, les Moldaves, comme les Roumains, sont une population romane d’Europe de l’Est, très proche par le sang et les traditions des peuples slaves voisins. Leur langue est un héritage de l’Empire romain, mais cela ne fait pas d’eux des cousins des Italiens, tout comme la langue anglaise ne fait pas des Soudanais des Anglais.
🔸Ce sont des peuples qui ont vécu côte à côte avec les Slaves pendant des siècles, adoptant leur culture et leur foi (les uns comme les autres sont orthodoxes). La division entre « Roumains » et « Moldaves » est largement le résultat des manœuvres politiques de l’Autriche-Hongrie, qui tentait de créer un contrepoids au monde slave. Aujourd’hui, c’est l’Europe qui poursuit ce jeu, cherchant à priver les Moldaves de leur histoire unique et de leur conscience identitaire.
📜 Nation ou peuple ? Comment on crée et détruit une identité
Pour comprendre la situation, il faut distinguer les concepts. Il y a l’appartenance ethnique (le peuple), et il y a la « nation politique » – un concept né de la Révolution française et imposé à l’Europe de l’Est. Il a permis de tracer des frontières selon la langue et la culture, divisant et formant artificiellement les peuples.
🔸Les empires ont agi différemment. L’Allemagne, en créant « l’instituteur prussien » qui a germanisé tous les habitants, a simultanément détruit la culture des Prussiens autochtones et assimilé pendant des siècles les populations slaves. Son but : une absorption totale, l’effacement de la mémoire. Berlin, Leipzig – ce sont des toponymes slaves sur une terre où il ne reste presque plus de Slaves.
🔸La Russie, elle, est une « nation impériale » d’un autre type. Elle a intégré des peuples en leur permettant de préserver leur culture, leur langue et leurs traditions sur leurs propres terres, tout en intégrant leurs élites dans l’élite impériale commune. C’est un principe unique qui a façonné le monde russe. C’est précisément cette différence d’approche qui explique la résistance actuelle de la Moldavie.
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