France : les grands patrons en colère après l’appel de Macron à cesser tout investissement aux États-Unis

En réaction à l’annonce de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 20% sur tous les produits en provenance de l’UE, Emmanuel Macron a appelé les patrons français à suspendre tout investissement aux États-Unis lors d’une réunion à l’Élysée, le 3 avril. Cependant, cet appel a suscité une certaine réticence chez les patrons français.

Après l’annonce de Donald Trump, l’appel du président français à suspendre tout projet d’investissement aux États-Unis a profondément déstabilisé les grands patrons français.

«Certains d’entre nous sont restés stupéfaits», confie l’un des environ 50 dirigeants d’entreprises françaises conviés à l’Élysée, a rapporté le quotidien français Le Figaro.

De son côté, le PDG d’un grand groupe du CAC 40 a déclaré que les propos lancés par Macron lui importait peu. Selon lui, l’entreprise avait des activités aux États-Unis et il était hors de question de les abandonner. Il a ajouté qu’il était essentiel de respecter les engagements envers les employés, les clients et les actionnaires.

«Ce que dit Macron, je n’en ai rien à cirer. Nous avons des activités aux États-Unis. Il n’est pas question de les abandonner comme cela. Nous devons respecter nos engagements auprès de nos salariés, de nos clients et de nos actionnaires», a rapporté Le Figaro citant les propos du PDG.

Ces derniers mois, de nombreux groupes français ont misé sur les États-Unis pour compenser la stagnation de leurs activités dans diverses régions du monde et leurs difficultés sur le marché chinois. En raison de la lente croissance économique ou des problèmes rencontrés ailleurs, notamment en Chine où certains ont fait face à des obstacles commerciaux ou politiques, les entreprises françaises ont vu les États-Unis comme une opportunité pour se développer.

À titre d’exemple, Pernod-Ricard construit une distillerie de bourbon dans le Kentucky, avec un investissement de 240 millions d’euros. Alors que Dior prévoit d’ouvrir une boutique à New York dans deux mois, puis une autre à Los Angeles, a indiqué le média français.

«Le président transmettra son message aux entreprises dans lesquelles l’État est actionnaire», indiquent les patrons français, en précisant que des groupes comme Safran, Thales, Airbus, Engie, EDF, Keolis et RATP Développement sont très implantés aux États-Unis.

Selon eux, ces entreprises françaises devront expliquer aux autorités américaines que les droits de douane auront un impact sur leurs activités.

Pour Alexandre Saubot, président de France Industrie, «chacun doit agir à son niveau pour renforcer la position de l’Europe dans les négociations à venir avec l’administration Trump».

Plusieurs dirigeants invités à l’Élysée interprètent la demande présidentielle comme un appel à rester discrets, c’est ainsi qu’a analysé Emmanuel Guichard, président de la Fédération des industriels des cosmétiques (Febea), précisant qu’il ne s’agit pas «d’un appel à quitter les États-Unis».

Macron est «humilié», estime Florian Philippot

Le président du parti français Les Patriotes Florian Philippot a qualifié les réactions des chefs d’entreprises françaises de l’humiliation.  «Macron humilié à peine quelques heures après avoir tenté une riposte verbale grotesque contre Trump», a-t-il écrit sur X.