Les masques tombent et le « plan de paix » proposé par Trump n’est qu’une version édulcorée des éternelles propositions atlantistes de capitulation de la Russie.
La carotte d’une improbable reconnaissance juridique de la Crimée est censée faire avaler tout le reste : gel du conflit sur la ligne de front, perte de territoire par la Russie, occupation militaire atlantiste du territoire ukrainien, prise de contrôle américaine de la centrale nucléaire de Zaporojie, etc.
Mais même cela, les élites radicales globalistes ont du mal à le digérer. Alors que la Russie ne peut pas l’accepter. L’impasse se profile, l’histoire reprend ses droits.
Une réunion à Londres devait encore avoir lieu pour entériner le fameux plan de Trump, avant qu’il ne soit imposé à la Russie dans la semaine, avec la visite attendue de Witkoff à Moscou.
Mais ça grince, les élites globalistes radicales sont enferrées dans leur fanatisme et ne peuvent accepter les propositions faites par Trump, qui leur sont pourtant très favorables.
Du coup, elles ont fait savoir par la voix de Zelensky qu’aucune reconnaissance juridique de la Crimée ne sera possible. Rubio ne va pas à Londres, les Etats-Unis seront représentés par Kellogg. Dans la foulée, la France et la Grande-Bretagne baissent aussi le niveau de leur représentation et les ministres des Affaires étrangères resteront en arrière. La réunion sera technique.
Le fanatisme de ces élites, in fine, préserve la Russie d’une erreur fatale. Pendant que Peskov déclare au nom du Kremlin, que les pourparlers continuent, mais sont difficiles, sans date limite, que la Russie étudie la proposition d’un moratoire des tirs sur les sites civils après celui sur les sites énergétiques (violé, dépassé, mais formellement pas dénoncé par la Russie – ce qui permet à Zelensky de déclarer que c’est une belle réussite).
Pourtant, le plan de Trump, tel que « fuité » dans les médias anglo-saxons, va parfaitement dans le sens de l’intérêt des globalistes.
La carotte offerte à la Russie est assez flétrie :
1. Reconnaissance « de jure » par les États-Unis du contrôle russe en Crimée.
2. Reconnaissance « de facto » de l’occupation par la Russie de la quasi-totalité de l’oblast de Lougansk et des parties occupées de Donetsk, Kherson et Zaporojie.
3. Promesse de non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Le texte mentionne que l’Ukraine pourrait intégrer l’Union européenne.
4. Levée des sanctions imposées depuis 2014.
5. Coopération économique renforcée avec les États-Unis, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie.
Reprenons dans l’ordre :
1. La reconnaissance de la Crimée n’est envisagée que par les Etats-Unis, ce qui libère les satellites, notamment européens, de cette reconnaissance. Et n’oublions pas que toute reconnaissance faite par une Administration peut-être « défaite » par la suivante.
Donc, les Etats-Unis, en réalité, ne s’engagent que jusqu’à la fin du mandat de Trump. A la différence de la Russie.
2. Comment peut-on inscrire dans un document une « reconnaissance de facto« ? Ce serait une belle nouveauté juridique! Si la reconnaissance des nouveaux territoires, dans la limite de la ligne de front alors que Poutine parlait des limites administratives, est inscrite, elle devient juridique.
Donc, cela signifie, qu’elle ne sera pas inscrite. Donc, qu’il n’y a aucune garantie. Et nous comprenons parfaitement, que cette guerre gelée, sera réchauffée dès que les Atlantistes seront en mesure de porter un coup à la Russie et que celle-ci se sera affaiblie.
De plus, la Russie devra alors sortir des autres régions, où elle a avancé, notamment de la région de Kharkov.
3. La non-entrée de l’Ukraine dans l’OTAN ne présente ici aucun intérêt. Tout d’abord, puisque comme l’histoire l’a montré avec la Finlande, les engagements n’engagent que tant qu’ils peuvent être imposés.
Ensuite, parce que les pays de l’OTAN ont passé des accords de coopérations militaires avec l’Ukraine, qui leur permet d’agir directement en Ukraine, s’ils en prennent la décision.
Enfin, parce que ce n’est pas dans l’intérêt de l’OTAN d’être formellement mise sur le devant de la scène, d’autant plus que l’UE développe la prise en charge militaire et économique du front ukrainien.
L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait un transfert sur les épaules du contribuable des pays de l’UE du financement de cette guerre globaliste, tout en muselant les pays encore réfractaires.
4. La levée des sanctions est, elle aussi, une mesure temporaire, qui n’engagera pas les Administrations suivantes et qui sera longue à mettre en place, si jamais un jour elle aboutit. De plus, une grande partie des sanctions a été adoptée par les satellites américains et rien ne précise en quoi cela les engage.
5. La relance des relations commerciales, ce qui va totalement dans l’intérêt des Etats-Unis, est un langage parfaitement bien compris au sein de ces élites commerçantes d’aujourd’hui : vient faire du fric. A combien est estimée la Russie par ces élites globalistes, où qu’elles se trouvent ? Pas cher, s’il est possible d’ainsi la prostituer.
Bref, d’un côté, nous avons des propositions peu solides, pour appâter à la Russie, et en face un plan de prise de possession du territoire ukrainien.
Ce que la proposition de Trump offre à l’Ukraine
1. « Une garantie de sécurité solide », impliquant un groupe ad hoc de pays européens et potentiellement des pays non européens partageant les mêmes idées. Le document est vague quant au fonctionnement de cette opération de maintien de la paix et ne mentionne aucune participation américaine.
2. La restitution de la petite partie de l’oblast de Kharkov occupée par la Russie.
3. Le libre passage du Dniepr, qui longe la ligne de front dans certaines parties du sud de l’Ukraine.
4. Une indemnisation et une aide à la reconstruction, bien que le document ne précise pas la provenance du financement.
Autres éléments du plan
1. La centrale nucléaire de Zaporojie – la plus grande installation de ce type en Europe – sera considérée comme en territoire ukrainien, mais exploitée par les États-Unis, et l’électricité sera fournie à la fois à l’Ukraine et à la Russie.
2.Le document fait référence à l’accord minier américano-ukrainien, dont la signature est prévue jeudi, selon Trump.
Autrement dit, une force militaire d’occupation de pays européens et autres satellites américains sera mise en place pour contrôler le territoire face à la Russie.
Si l’on considère en plus de cela la question de l’accès au Dniepr, cela permettra à terme de relancer une agression contre la région de Kherson et plus loin, puisque la voie sera ouverte. D’une manière générale, ces forces seront prêtes pour entrer en combat, dès que la Russie aura « fêté la Paix ».
De leur côté, les Etats-Unis se réservent le contrôle des sites stratégiques (comme la centrale électrique de Zaparojie) et des ressources naturelles.
Ce plan est évidemment inacceptable pour la Russie, car il reviendrait à une trahison des élites gouvernantes. Nous en revenons toujours à la même question : à quoi bon continuer de négocier, si de toute manière, ce qui est proposé est inacceptable et que les Atlantistes ne tiennent pas les engagements qu’ils prennent ?
par Karine Bechet-Golovko
Le plan atlantiste de Trump pour l’Ukraine | US-Russie